INSPIRATIONS

THÉ FRANÇAIS

Culture inattendue résultant du savoir-faire de quelques amateurs passionnés, le thé français se hisse depuis quelques années au rang de joyau rare. Originaires d’Extrême-Orient, ces feuilles aux nuances d’émeraude s’adaptent et se réinventent sur nos terres grâce à des théiculteurs empreints de contemporanéité. Puisant leur savoir-faire dans des approches ancestrales datant de plusieurs millénaires, ils s’élancent avec avidité dans des systèmes de production harmonieux imprégnés par l’agroécologie.

TEXTE : ÉLISA HENDRICKX | PHOTOS : EVAINE MERLE

Notre imaginaire se figure naturellement les théiers déployant leurs branches sculpturales au Japon, en Chine ou au Népal. Leurs feuilles d’émeraudes longilignes s’épanouissant sur des contrées ensoleil- lées et humides, côtoyant ainsi de près le poivre de Timut, les mangues et les plus beaux hibiscus. Pourtant, depuis quelques années, l’arbre à thé, de son nom latin Camellia sinensis, envoûtant compagnon à la fragrance suave de la madeleine proustienne, prend discrètement racine dans nos régions.

Dans ces latitudes qui lui étaient jusqu’à présent inconnues, le théier, jouant de nou- velles partitions, s’éveille et jouit d’une fraîcheur nouvelle. Originaire d’Extrême-Orient, la plante verdoyante fait historiquement ses premiers pas en terres françaises sur l’île de la Réunion, et ce, dès la seconde moitié du XXe siècle.

Cultivé sur ces terres insulaires au climat tropical pacifié par l’influence des alizés, le thé sera par la suite délaissé et remplacé par des géraniums utilisés pour la confection d’huiles essentielles réputées pour leurs propriétés anti-infectieuse, astringente et cicatrisante. Il faudra attendre le début des années 2000, et l’arrivée de nouveaux investisseurs, pour que réapparaisse sur ces reliefs volcaniques l’énigmatique camélia de Chine. En France métropolitaine, la route du thé, encore sinueuse et empreinte de mystère, est plus récente. Impulsée par Denis Mazerolle, théiculteur à l’origine du jardin de thé Filleule des fées, celle-ci a pris vie il y a une vingtaine d’années en contrées bretonnes.