ET LES AUTRES ?

PROFESSION AGENT

Très reconnu dans l’univers du vin, Romuald Cardon n’est pas un simple marchand de bouteilles. Il pratique son métier d’agent avec une sacrée dose de passion et de convictions.

TEXTE : PIERRICK JÉGU | PHOTO : OLIVIER ROUX

PROFESSION AGENT

Très reconnu dans l’univers du vin, Romuald Cardon n’est pas un simple marchand de bouteilles. Il pratique son métier d’agent avec une sacrée dose de passion et de convictions.

TEXTE : PIERRICK JÉGU | PHOTO : OLIVIER ROUX

Ne pas confondre VRP et agent… Pour caricaturer, le premier se balade avec un attaché-case, des cartes de visite et vend les vins de son catalogue comme il vendrait des poêles à frire.

Le second défend une certaine idée du vin, connaît ses vignerons, leur terroir et leurs vins par cœur, les suit sur le long terme, et se place comme le véritable trait d’union entre les domaines et les cavistes ou les restaurateurs.

Romuald Cardon est à classer dans cette dernière catégorie.

Sa rencontre avec le vin ? Francine Legrand, sa tante, patronne de la fameuse cave parisienne Legrand Filles et Fils, joue les entremetteuses. À 21 ans, il est officiellement embauché. Son baptême du feu : royal, chez Rayas, Beaucastel et Gramenon ! Après huit ans chez Legrand, il rachète la cave Les Coteaux du 9e en 1999. Et se met en plus à faire l’agent pour une petite poignée de domaines du sud de la vallée du Rhône, l’Oratoire Saint-Martin, la Réméjeanne et la Monardière. La double casquette caviste-agent s’avère peu à peu lourde à porter.

En 2006, Romuald baisse le rideau de sa boutique et devient agent à 100 %. Aujourd’hui, 34 domaines de presque tout l’Hexagone viticole lui font confiance… Et ils ont bien raison ! « Avec les vignerons, je construis un vrai partenariat sur le long terme, c’est un accompagnement à de nombreux niveaux… J’ai un avis critique. C’est dans cet esprit que je veux continuer à avancer, sinon je ne vois pas de sens à ce métier ».

Comment choisit- il « ses » vignerons ? « Tu goûtes les vins, tu vas sur le domaine, il y a quelque chose qui se passe et tu sens la volonté d’aller dans le même sens. Je veux qu’on ait des choses à se raconter, je ne suis pas un apporteur d’affaires. Et, bien sûr, je suis très attaché à une démarche la plus naturelle possible, en bio ou biodynamie ».

Ses combats ? Faire comprendre que le vin n’est pas du coca, sensibiliser sur le fait qu’un millésime peut être un peu moins convaincant qu’un autre, etc. Romuald est aussi l’un des fondateurs de Vendanges solidaires, association dont la vocation est d’aider les vignerons en proie à des catastrophes météorologiques et, au-delà, de se placer comme une plate-forme d’échanges sur les questions climatiques. Au compteur de Romuald, 250 à 300 clients sur Paris et Ile-de-France, en majorité des cavistes et des restaurateurs, des bistrots de quartier ou des tables triplement étoilées.

Son quotidien ? Faire des plans de communication pour annoncer la sortie de telle ou telle cuvée par exemple, aller rencontrer d’éventuels nouveaux clients, cultiver la relation avec les restaurateurs, leur faire goûter des vins, accompagner les vignerons en tournée parisienne, s’échapper de la capitale pour filer dans le vignoble…

Il s’éclate : « Le jour où je m’ennuie, j’arrête tout de suite », affirme-t-il avant d’enfiler son casque et d’enfourcher sa bicyclette.