GRANDE TABLE
KEI KOBAYASHI
« C’est ce dialogue entre le cuisinier et le produit qui m’intéresse. »
TEXTE : LESLIE GOGOIS, AVEC L’AIDE PRÉCIEUSE DE CHIHIRO MASUI POUR LA TRADUCTION | PHOTO PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
Chaque seconde de sa vie, Kei Kobayashi, chef japonais auréolé de trois étoiles. la consacre à son métier. D’ailleurs, lorsque nous lui demandons ce qu’il fait lorsqu’il ne cuisine pas, il marque un temps de pause et répond dans un sourire: « Rien. Ca ne m’arrive pas. Je dois me battre tous les jours… Encore plus car je suis Japonais. » Si sa rigueur et son exigence frappent, c’est surtout son sens artistique qui marque les esprits. Lors de notre shooting photo, ce chef concentré et minutieux a eu à cœur de mettre en scène lui-même chacun de ses plats: ici, les beignets d’artichauts se sont retrouvés dans un lit de feuilles séchées, là, son jardin de légumes croquants est entouré d’assiettes aux bordures colorées, créant un visuel immédiatement esthétique et harmonieux. Kei est définitivement un esthète du goût, un passeur de joie et d’émotion. Sa technique, doublée de cette créativité, lui vaut aujourd’hui d’être le seul chef japonais à avoir décroché trois étoiles au Guide Michelin en France pour Restaurant Kei, la table qui porte son nom, installée en plein cœur de Paris. Une distinction incroyable pour ce Japonais qui a grandi dans la campagne de Nagano, loin de la gastronomie, qui plus est française. Enfant, il se rêve champion de base-ball, le sport pratiqué par quasiment tous les garçons au Japon. Mais finalement, la vie en décide autrement. Sa vocation pour la gastronomie naît devant une émission télévisée consacrée à Alain Chapel. « Il faut se rappeler qu’il ya 30 ans, à Nagano, entre campagne et montagne, nous ne connaissions pas la cuisine française. En voyant ce grand chef à la télévision, j’ai été séduit par son allure. Sa veste blanche, son pantalon noir, son tablier : j’ai trouvé son look élégant. »
N’étant pas particulièrement bon élève, Kei décide donc à 15 ans d’acquérir les bases de la cuisine francaise aux côtés de Nakamura, un chef adorant la France, à la fois autoritaire et talentueux.
« Grâce à lui, j’ai appris à devenir un être social: comment gagner ma vie, bien me comporter… Le rythme était extrêmement dur, je travaillais souvent 15 à 18 heures par jour; mais c’était formateur. Et surtout, je n’avais pas el choix : comme j’avais décidé d’arrêter l’école, il fallait que je fasse mes preuves et que j’accepte ce rythme et les remontrances de ce chef tellement exigeant », se rappelle Kei Kobayashi.
Vous y retrouverez également ses 14 recettes
Huître en gelée
vinaigre à l’échalote
Homard bleu
asperge sauvage et amande
Ris de veau
kara-age
Pour lire yam
Trouver le magazine chez les marchands
Abonnements et achats numériques